La vie de mouton noir

11/04/2017

la vie de mouton noir

J’étais avec une cliente qui a ce rêve de voyager. Chaque voyage pour elle est un espace de découverte, d’émerveillement, de rencontre. Là où elle est vraiment elle même. Mais sa vie la rattrape. Elle s’interdit de vivre sa vie. Elle ne supporte pas le regard des autres. Elle aimerait vivre une vie différente. Elle ne supporte pas d’être le mouton noir. Ça serait tellement plus facile d’être comme les autres et oublier qu’elle a ce rêve pour elle. Simple mais impossible.

Je ne connais que trop bien la vie de mouton noir.
Ça a énormément résonné en moi. Je suis un mouton noir. Pendant longtemps ça a été un fardeau à porter de vouloir autre chose que ce qu’on voulait pour moi, ce que je devrais vouloir selon mon statut social.

La vie de fille chinoise
J’aurais dû me marier avec un chinois avant 25 ans, arrêter mes études, travailler pour mes parents, être comme les autres, être commerçante/restauratrice, vivre dans la communauté, avoir 2 enfants…
La vie de femme active française
J’aurais dû avoir un travail CDI, être propriétaire, me marier, devenir manager, avoir des enfants, espérer qu’on me donne un meilleur poste, espérer une augmentation de salaire, monter petit à petit les échelons, attendre les weeks, les vacances, la retraite pour enfin vivre…
La vie d’entrepreneuse
J’aurais dû faire du marketing, faire du networking, collaborer avec des personnes, faire du gratuit, travailler pour les entreprises, aligner mes prix sur la concurrence, me faire connaître…

Cependant à chaque fois, j’ai choisi d’être le mouton noir, consciemment ou inconsciemment.

C’est quoi une vie de mouton noir ?

C’est suivre sa propre voie quand tout le monde voudrait que tu sois comme eux. Vivre la vie qui nous fasse vibrer, vivre son authenticité. Non, ce n’est pas seulement vivre différemment. C’est écouter cette partie de soi qui nous dit que non ce n’est pas la vie qui est faite pour nous.

La vie de mouton noir.

C’est choisir un chemin que les autres ne choisissent pas. C’est se tenir seul contre tous. C’est affirmer ses rêves, ses convictions au monde entier quand tout le monde pense le contraire. C’est vivre cette différence, c’est dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas.

La vie de mouton noir.

C’est arrêter de laisser les autres diriger ta vie. C’est faire le choix courageux de laisser ses propres envies faire le choix pour toi. C’est oser laisser cette partie de soi prendre le dessus, se battre pour ce qui est juste. C’est se mettre au centre de sa vie. C’est faire passer son bonheur avant tout. C’est vivre pleinement.

La vie de mouton noir.

C’est être la première. C’est vaincre ses peurs. C’est vaincre ses doutes, vaincre son besoin d’être comme les autres. Aller au delà du besoin d’être accepté mais mettre au premier plan son besoin viscéral de vivre sa vie, la vie qu’on aime, la vie qu’on crée, la vie qui n’est pas comme les autres. Cette vie là.

La vie de mouton noir

C’est arrêter de vivre pour être accepté, pour être apprécié, pour être une bonne personne, faire ce qu’il faut, faire ce qui marche, pour survivre, pour faire ce qu’on attend de nous…

La vie de mouton noir.

C’est une vie de courage. C’est une vie qui te demandera de croire en toi, en tes rêves, en cette sensation incroyable d’être soi même, en cette partie de toi qui te montre le chemin.

La vie de mouton noir.

C’est une étiquette difficile à porter parce qu’on est au centre de toutes les attentions, on est la cible de ceux qui pointent les doigts, on a peur de faire des erreurs, on a peur que nos choix soient irrésonnables. On a peur d’échouer. Parce que nous même on n’est pas sûr de ce qu’on fait mais on fait confiance à cette partie de nous qui rêve plus grand.

La vie de mouton noir

C’est faire avancer le monde. C’est pour changer ce qu’on a toujours fait. C’est pour créer un nouveau paradigme. C’est pour être heureux. C’est pour permettre à ceux qui rêvent de cette vie de pouvoir y croire aussi. C’est oser dire tout haut, faire ce qu’on a jamais osé. c’est oser juste être heureux malgré les règles établies.

The woman who follows the crowd will usually go no further than the crowd. The woman who walks alone is likely to find herself in places no one has ever been before.

Peu importe ce que les autres disent, ce qui veut s’exprimer au fond de toi est plus important.
Peu importe ce qui se fait, ce que tu veux est plus important.
Peu importe ce que acceptable de faire, ce qui est plus important est que tu acceptes de ne pas laisser tomber tes rêves.

Cette voix qui te pousse ne s’éteindra jamais.
Cette voix aussi subtile soit elle sera toujours là.
Cette voix t’aide mais ne te force pas. Parce que ça reste ton choix d’avoir une vie de mouton noir.
Cette voix en toi ne te quittera jamais et ne te laissera jamais tranquille tant que tu vivras cette vie de mouton blanc.
Cette voix te guide.
cette voix te demande de ne pas t’oublier, de ne pas oublier tes rêves, de ne pas laisser mourir le mouton noir.

Choisis d’être le mouton noir

Choisis d’être celle qui a une vie pas comme les autres.
Choisis d’être toi même.
Choisis de vivre ton rêve.
Choisis de challenger les idées reçues.
Choisis de créer une nouvelle réalité.
Choisis de vivre ta vie. Cette vie précieuse qui t’a été donnée de profiter.
Choisis d’en faire le meilleur

Ne perds pas ton temps à vivre la vie de quelqu’un d’autre.
Ne tombe pas dans le schéma que tu t’es jurée que tu ne vivrais pas quand tu étais petite.

Tu as le choix.

Tu as le choix de faire comme les autres et de laisser mourir le mouton noir.
Tu as le choix de vivre la vie de mouton noir et de faire parler les autres.
Tu as le choix tout simplement.

Tu sais ce que ça te coûte de vivre la vie des autres. Tu ne peux pas laisser une partie de toi mourir. Tu ne peux pas laisser tes rêves, tes passions, tes valeurs mourir. C’est toi. Tu les portes en toi. Tu ne peux pas les contenir indéfiniment. Tu ne peux pas. Elles seront là au détour d’un film, au détour d’une chanson, d’une conversation. Elles te rappelleront que non tu n’es pas censée vivre la vie d’un autre.

Certes, ce n’est pas facile de vivre la vie de mouton noir. Ce sont des sentiers vierges, ça fait peur, mais excitant à la fois, tu n’y peux rien tes rêves et ta passion t’y poussent. Tu restes là à regarder la vie que tu pourrais avoir ou tu y vas et vis la vie la plus vibrante, la plus vivante que tu puisses imaginer.

Ose vivre la vie de mouton noir.

Changer le monde

Ce sont les moutons noirs qui font avancer le monde: Gandi, Mandela, Rosa parks, Martin luther King. Tous des moutons noirs. Ils ont tous osé dire non. Ils n’ont pas accepté. Ils se sont soulevés pour vivre une vie de mouton noir. Parce qu’ils n’ont pas accepté ce qui se faisait, qu’ils ont osé changer de paradigme.

Ce sont les moutons noirs qui changent le monde. Ce ne sont pas les moutons blancs. Vivre comme tout le monde, comme ce qui est possible normal, ce qui est acceptable. Ce n’est pas ça qui change le monde.

Ce sont ceux qui osent. Ce sont ceux qui se soulèvent, ceux qui suivent la voix du mouton noir en eux qui changent leur vie, leur monde puis change le monde.

Mais commence par le faire pour toi. Commence par accepter le mouton noir en toi. Ne le tue pas.

Si tu commences à être du côté de la majorité commence par te poser des questions. N’oublies pas qui tu es. N’oublies pas tes rêves pour plaire aux autres, pour faire comme les autres.

C’est par le mouton noir que viendra la lumière, le renouveau, la diversité, la magie, de nouvelle possibilité.

Whenever you find yourself on the side of the majority, it is time to pause and reflect. — Mark Twain

Quand je suis devenue mouton noir

J’allais dire que j’ai toujours été un mouton noir. Ce n’est pas vrai. J’ai voulu être acceptée comme tout être, d’être la bonne petite fille, celle à qui on dit “C’est bien ce que tu fais”. Plus on fait ce qu’il faut faire, plus on récolte des félicitations. Nos parents, nos professeurs nous aiment. C’est facile. Il suffit d’avoir des bonnes notes, d’être obéissante. On met en lumière ce qu’on fait de bien. On nous dit plein de compliments. C’est agréable. On a envie que nos vies continuent sur cette douce pente.

Avec les années passants, petit à petit, l’esprit du mouton noir s’est réveillé en moi. Je continuais à avoir de bonnes notes, on continuait à me féliciter. Mais d’un autre côté, je commençais à goûter à une vie qui me satisfaisait de moins en moins.

La journée, j’étais à l’école en cours comme une fille française normale. Le soir, je rentrais chez moi et une autre normalité existait. Depuis l’âge de 12 ans, je faisais partie de ces enfants/adolescents qui coupaient les fils, pliaient les vêtements, cousaient sur les machines. Après les cours, je travaillais. On ne peut pas appeler ça autrement. Je faisais mes devoirs entre 23h30 et minuit. C’était un calvaire. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais forcée de travailler alors que les autres élèves de ma classe n’avaient pas à faire ça. C’était normal pour mes parents de me faire travailler avec eux dans leur atelier de couture. Pour eux, un enfant sage est un enfant qui obéit, qui travaille pour leurs parents.Tous mes cousins/cousines, les enfants de leurs amis le faisaient. Plus un enfant est travailleur, plus il est couvert d’éloge.

Ils continuaient à me dire ce qui était bien ou pas bien de faire. Je n’avais plus envie de faire ce qu’ « il fallait » pour être félicité. Je ne voulais plus être comme les autres, comme mes parents, vivre selon leur schéma. Tous mes cousins/cousines suivaient ce chemin, obéissaient à leurs parents. Ils vivaient la vie qu’on leur dictait. On leur disait que les études ne servaient à rien qu’ils devaient ouvrir un commerce et travailler avec leurs parents, ils se marieraient avec un chinois qu’on leur présenterait à un âge convenable et ils auraient 2 enfants (je disais bien 2 pas plus ni moins une fille/un garçon). Un soir, à mes 15 ans, à mon chevet, ma mère me présentait ce modèle de vie parfait avec enthousiasme. Une part de moi voulait vivre cette vie acceptable qu’elle me présentait. Mais mon côté mouton noir ne voulait pas de cette vie. Il avait d’autre plan.

la vie de mouton noir

Je commençais à penser autrement. Je refusais cette réalité. Quand tout le monde dans ma famille était mouton blanc, je devenais mouton noir petit à petit. Le mouton noir en moi commençait à crier de plus en plus fort. Je ne voulais pas arrêter mes études quand tout le monde parmi mes cousins arrêtaient les uns après les autres. Je ne voulais pas être réduite à cette vie.

Mon mouton noir en moi voulait vivre une vie où je serais indépendante, selon mes termes, une vie où je choisirais mon mari, où je me marierais avec l’homme que j’aime, une vie où j’aurais un travail qui me plairait.

Je commençais avoir le rêve de cette vie. Le rêve que cette vie est possible quand tout dans ma réalité me tirait vers une vie de mouton blanc. Mes parents dirigeaient ma vie et faisaient en sorte que je vive cette vie qu’ils ont voulu pour moi. À 19 ans, ne sachant pas quoi faire, me sentant au bout du rouleau, ne sachant pas comment poursuivre ma vie, ne voyant pas de soutien de la part de mes parents pour que je poursuive mes études. Tout ça, cumulé, j’ai dû arrêter les études pour travailler dans le restaurant de mes parents.

En arrêtant les études, j’ai fait un pacte avec ma mère qu’au bout d’un an, je reprendrais mes études. Pour moi, il était clair que ce n’était qu’une parenthèse dans ma vie. Je lui donnais un an de ma vie pour me retrouver, me poser des questions, pour savoir ce que je voulais faire, pour reprendre mes études au bout d’un an.

La vie mouton blanc s’est imposée pendant plus d’un an. Ça a été l’année la plus horrible de ma vie. Je travaillais à plein temps 7 jours sur 7 pour mes parents dans leur restaurant en tant que serveuse. Je le savais que ce n’était pas ma vie. Je ne me voyais pas continuer sur ce chemin. J’ai détesté cette vie de tout mon être. Je n’avais plus de rêve, je n’avais plus d’avenir, je n’avais plus rien qui me donne l’envie de continuer à vivre. Je ne voulais pas être serveuse ni restauratrice toute ma vie, mariée à un chinois. Je voulais être libre et indépendante, faire mes propres choix, choisir ma vie et mes rêves, pas qu’on me les impose.
Au bout d’un an, j’ai rappelé à ma mère le pacte. Sauf qu’elle était trop heureuse que je travaille pour elle sans salaire et corvéable à merci, elle a préféré faire la sourde oreille et a ignoré ma demande. Moi qui comptait sur son honnêteté et sa loyauté, quelque chose s’est brisée en moi. Une telle rage s’est emparée de moi. Je ne pouvais pas me laisser mourir dans leur restaurant.

J’ai fait une chose impensable pour une fille asiatique. Je suis partie de chez mes parents à 20 ans pour reprendre mes études. Je me suis soustraite à leur autorité pour décider de MA vie selon MES termes.

Je l’ai raconté mille fois cette histoire avec des mots différents. Je l’ai dit avec frustration, avec une compréhension, avec rationalité. Il a fallu qu’on me mette en cage pour que j’ose franchir les portes de la cage. Je pense ce que ce jour là est un moment charnière de ma vie. C’est une des raisons pour laquelle ma vie est si différente de celles de mes cousins. Si je n’avais pas pris cette décisio,n ce jour là en 2003, je pense que je vivrais la même vie qu’eux. Ça a été le plus gros tournant de ma vie. Le choix le plus important. Le jour où j’ai fait le mur. Le jour où j’ai endossé les habits du mouton noir à tout jamais. Avant ce jour là, je me sentais mouton noir, j’osais penser différemment. Mais pour la première fois de ma vie, j’ai agi différemment. Depuis, peu importe où je suis allée j’ai toujours été mouton noir.

J’aurais voulu que ce soit plus facile. J’aurais voulu qu’il ne soit pas aussi noir. Que ma famille, les autres, les moutons blancs arrêtent de me pointer du doigt. Pendant longtemps, j’ai été honteuse et fière de ce statut de mouton noir.

Les moutons blancs

Ne laisse pas le jugement et le regard des moutons blancs te peser. Ils ne comprennent pas. Ils te feront croire que tu es nuisible, que tu dois réprimer tes rêves, que tu es mauvaise, tu es folle, que tu as des illusions, que tu as rêves impossibles.

Ils vont essayer de te faire revenir à la raison, au consensus, ce que ce que tout le monde pense de bien, on va essayer de te faire rentrer dans les rangs, on va essayer de te couper les ailes, de te faire devenir mouton blanc, de te faire oublier tes rêves, de te faire croire que tu as tord, que c’est peine perdue, de te faire peur, de te dissuader.

Inconsciemment, par tes rêves, ta fougue, ton envie, ta passion, ta façon d’être qui est différente,
Tu vas réveiller l’insécurité chez les moutons blancs. Tu vas les bousculer, tu vas challenger leurs idées reçues. Tu vas remettre en cause ce qui les tient silencieux et apeurés. Tu vas leur faire peur, Tu vas faire vaciller leurs convictions.
Tu vas peut être te sentir seule. Tu vas peut être te sentir acculée. Mais tu as ce rêve, cette voix invincible qui existe en toi.

Vis cette vie. Aussi improbable soit elle, aussi aventureuse soit elle, aussi frivole soit elle, aussi folle soit elle, aussi impossible soit elle.
Vis cette vie. Cette vie où tu es pleinement toi même.
Vis ta vie de mouton noir. Vis cette vie de courageuse. Vis pour toi, pour ce mouton noir en toi.
Peu importe si le mouton noir a un ADN différent ou je ne sais quoi. Tu ne peux pas vivre la vie de mouton blanc.

Est-ce que tu vis pleinement ta vie de mouton noir ? Est-ce que tu fais semblant de te faire à la vie de mouton blanc ? Est-ce qu’il y a comme une partie de toi qui se sent trahi ?

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3 Comments

  • Reply maman délire 12/04/2017 at 12:18

    Je me grise petit à petit.. mais les quelques échos que j’ai pour le moment quand je parle de me reconversion c’est que tout le monde trouve ça génial… ils en rêvent mais ne le font pas, voilà mon explication… en tout cas bravo à toi ! Tu es définitivement très courageuse !

    • Reply Anna 12/04/2017 at 19:54

      C’est très courageux de parler de ta reconversion autour de toi. Ça les inspire, ça peut réveiller en eux des insécurités, des curiosités, leur rappeler qu’ils ont aussi des rêves 🙂 Merci 😀

      • Reply maman délire 13/04/2017 at 13:30

        en tout cas j’adore le dire ! j’adore parler de mon prochain métier, contrairement à celui que j’exerçais jusqu’à présent…

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